Avant hier, on bossait dur et longtemps, les loisirs c'était les vacances annuelles, les relations étaient privilégiées parce que suivies, on voyait à long terme.
Hier, on bossait mieux et moins dur grâce au progrès mécanique, on avait des loisirs instructifs, les relations étaient plus nombreuses parce qu'on déménageait, et on voyait à moyen terme.
Aujourd'hui, on bosse moins et moins dur grâce à l'électronique, les loisirs occupent le temps restant, les réseaux ont remplacé le relationel, on ne voit plus qu'à court terme.
Où est le véritable progrès là-dedans ?
On travaille mais on ne s'investit plus, on se connait mais on ne se cotoie plus, on confond loisirs et nécessité -ce qui permet le transfert des responsabilités- et on ne pense plus à demain. On intégre toutes les améliorations matérielles et on profite allègrement des bienfaits de la rapidité et de ses ouvertures sur le monde : le "tout tout de suite" nous est acquis, peu importe demain et ses impératifs.
On raisonne en "c'est normal" et plus en "pourquoi pas", on dit "je veux avoir" et plus "je vais attendre pour avoir", on s'offusque d'un "c'est pas possible" tout en s'endettant du "c'est à la mode", et on confond "choix personnel" et "acquis".
On n'a plus le temps de rien alors qu'on a beaucoup plus de temps, serait-ce LE paradoxe du 21ème sièce ? Parce qu'à force de courir partout sans s'arrêter, de survoler sans regarder, de vouloir sans pouvoir, d'entendre sans écouter et de raisonner sans réfléchir, on pourrait bien tomber sans comprendre... Mais évidemment, ça ne serait pas de notre faute... Plus sûrement un bug temporel...