Quand la justice devient subjective
La justice doit, par définition, faire appliquer la loi : à partir de ce postulat, sur le fond, elle n'a pas droit à l'émotion : elle doit vérifier que tout a été fait selon les règles, que les droits de chacun sont respectés, que les textes n'ont pas été bafoués et que la loi est appliquée.
Sauf qu'elle fait ce qu'elle peut, au milieu de milliers de textes légaux et au milieu d'un monde d'avocats dont le rôle est uniquement de gagner des affaires via... l'application de la loi ! A partir de là, la justice ne peut pas être qualifiée d'humaine : à partir du moment où un avocat pointe une virgule mal placée, c'est cette virgule qui va décider de la suite : l'application de la loi avant tout.
Avec cette grève, les magistrats ont une réaction "à chaud" (compréhensible) en se sentant visés par les "on" ou "ceux qui" mots cités par Sarkozy : ils reprochent au président de les avoir ciblés : est-ce réellement le cas ? je ne suis pas sûre. Si leur réaction est humaine (attaque/riposte), elle n'est pas cohérente avec leur fonction (examen/décision) : neutralité avant tout pour permettre l'objectivité.
Je trouve que cette bataille est terriblement déplacée par rapport aux faits. Certes, Sarkozy aurait pu être plus modéré, mais comment l'être face à la famille, et a fortiori face au peuple compatissant ? Il ne pouvait pas seulement s'apitoyer et dire "on va chercher où il y a eu erreur", parce qu'on aurait pensé "ça va passer aux oubliettes". N'oublions pas que le président est garant de la justice : il y a forcément un responsable, quitte à ce que ce soit le système lui-même.
Tout le monde devrait s'acharner à vite trouver le problème et faire que ça ne se reproduise pas. Mais là, les magistrats veulent sauver leur image, pendant qu'une famille... n'a plus qu'une image qu'ils ne sauveront jamais.